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  • Photo du rédacteurSylvie Martin, psy

Comment gérer la douleur chronique?

Dernière mise à jour : 13 janv. 2023





Quoi de mieux pour bien assimiler une formation récente sur un sujet, que de le résumer à ma façon et le partager! Voici ma compréhension vulgarisée d’une formation en ligne sur la gestion de la douleur livrée brillamment par la psychologue Dr Marie-Josée Rivard (2022). Pour en savoir plus sur le sujet, consultez la référence dont le livre écrit par Dr Marie-Josée Rivard (2012).


Pour aborder le concept de la douleur, voici une définition parmi tant d’autres. Selon la définition officielle de l'Association internationale pour l'étude de la douleur (IASP); "la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes".


Selon l’IASP, une personne sur cinq souffre de douleur chronique modérée à forte. Avec ce nombre significatif élevé, il n’est pas étonnant, que de plus en plus de scientifiques s’y intéressent et que des groupes d’entraide voient le jour (Association québécoise de la douleur chronique– AQDC). Vous trouverez sur le web, une mine d’or d’informations et des ressources sur la fiche conçue par le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM-voir en référence).


Des études portant sur la complexité du cerveau nous renseignent sur la bidirectionnalité de la circulation des influx nerveux. Ainsi la tête (cerveau) peut envoyer des signaux de douleurs qui sont utiles comme pour éviter d’aggraver une blessure. Par contre, l’émotion de peur peut aussi envoyer des informations à la tête, disant qu’il y a danger potentiel mais peut ne pas exister dans la réalité.


La douleur se distingue selon qu’elle soit « aigue » ou « chronique ». Pour traiter la douleur aigue qui dure de 3 à 6 mois, on a recours à la médication, des traitements et parfois la chirurgie. La douleur aigue a comme fonction de nous indiquer que quelque chose de grave survient dans notre corps et que nous devons nous protéger. La douleur aigue est en quelque sorte une forme d’alarme à considérer.


Lorsque la douleur dure plus de 6 mois, il s’agit de douleur chronique dont l’origine peut ou non être connue. Les traitements visent à soulager la douleur via une meilleure gestion et non sa guérison.


Émotions et obstacles liés à la gestion de la douleur

Les émotions varient d’une personne à une autre selon sa culture, ses croyances, ses valeurs, le contexte, etc. Quand la douleur survient et s’installe, la personne exprime souvent de l’incompréhension, pour ensuite verser vers la colère, l’anxiété, la honte, etc. Il n’est pas rare de sombrer en dépression (voir Figure 1).


Les peurs fréquemment rapportées par mes clients dans mon cabinet de psychologue sont celles d’avoir à changer de carrière, de perte d’autonomie, de souffrir constamment, d’être un fardeau pour l’entourage, d’être abandonné, de ne pas être comprise par les siens. La complexité du traitement augmente lorsque la douleur est associée à un trauma. En effet, puisque la douleur ramène des souvenirs traumatisants et le trauma ravive la douleur. Un obstacle moins documenté concerne les réflexes automatisés de la personne à s’oublier, et à utiliser le peu d’énergie en réserve pour assumer quelques tâches et ainsi faire plaisir à la famille.


La peur excessive et irrationnelle de faire certains mouvements ou de participer à une activité, appelée aussi la kinésiophobie, s’avère une entrave importante à la gestion de la douleur. Selon Denis Fortier, physiothérapeute, conférencier et chroniqueur radio télé, la présence de douleur au bas du dos, l’évitement et la peur de la douleur sont associés à une plus longue durée des incapacités et à un moins bon pronostic » (Fortier D).


Des études de Sullivan, M.J.L, Wideman, T.H., Gauthier, N., Thibault, P., Ellis, T., & Adams, H. (2022), démontrent également, que c’est la peur, plutôt que la douleur qui entraîne l’incapacité.


En utilisant le processus du changement, nous pouvons illustrer comment changer l’intensité de la souffrance (côté gauche de la courbe) vers une « meilleure qualité de vie » (côté droit de la courbe).


Changement en gestion de douleur chronique
Processus du changement cycle douleur


Lorsque la personne se fige dans les émotions désagréables (voir figure 1- côté gauche) elle retarde le moment de s’adapter à sa nouvelle réalité et gère moins bien les douleurs.


Émotions et facilitateurs de gestion de la douleur

La théorie du portillon de Melzack, R., et Wall, P. (cité dans Katz J, Rosenbloom BN, 2015) est porteuse d’espoir via un soulagement de la douleur. En effet, l’inter connexion entre les aires complexes du cerveau vers les émotions, les comportements et la conscience, permet au patient de moduler l’intensité de la douleur par un contrôle volontaire. Le corps dispose de ressources incroyables comme celles d’analgésiques volontaires.


Comme l’explique si bien la psychologue Marie-Josée Rivard (2012), des facteurs modulent l’ouverture du portillon et de l’intensité de la douleur. Lorsque le portillon est ouvert, des influx voyagent de la moelle épinière vers le cerveau et la douleur ressentie est forte, alors que la douleur s’atténue lorsque le portillon est partiellement fermé. L’intérêt se trouve donc, à apprendre à fermer partiellement le portillon pour réduire la douleur. Des traitements pharmacologiques appropriés, le repos, les émotions agréables, les massages, le bonheur, la concentration intense ou bonne distraction, des activités intéressantes contribuent à atténuer la douleur (voir Figure 1-côté droit). À l’inverse, lorsque la personne souffre d’ennui, d’anxiété, de dépression, reste inactive, rumine la douleur, la douleur en est intensifiée (Rivard, M.-J., 2012). Selon la psychologue, Marie-Josée Rivard, la cohérence cardiaque et l’hypnose sont des stratégies efficaces pour la gestion de la douleur.


Fermer le portillon pour réduire la douleur me fait penser à l'expérience parfois désagréable d'appels télémarketing. Si ce qu'on tente de vous vendre ne vous intéresse guerre et même vous agresse, le réflexe normal, serait de mettre fin poliment à l'appel. Plusieurs d'entre vous, allez "endurer" et donc garder ouvert la conversation et pendant ce temps vous "bouillonnez" à l'intérieur. Il vous suffirait de dire poliment "non" , désolé, je ne suis pas intéressé et "FERMER" la conversation pour rapidement vous sentir libérée et ne pas ressentir d'agression. Face à la douleur, c'est cet automatisme que je vous invite à développer. Lorsque des émotions désagréables se pointent, vous les percevez et s'il y a un conflit à régler, vous le faites pour passer à un sentiment, activité plus agréable et fermer le canal de la "douleur".


Le rythme de changement d’émotions désagréables vers celles plus agréables, demeure très personnelle (voir courbe de changement figure 1). Une fois décidée, la personne se motive à se faire un nouvel équilibre de vie, en se plaçant au centre. Cela implique d’oser dire « non » pour prendre soin de soi. Cette nouvelle attitude de se faire respecter aura comme impact d’être plus heureux en s’adonnant à des passions et intérêts, en famille, en couple, avec les amis. Une fois fait, il reste à gérer le travail, les tâches du quotidien, la douleur mais sans se laisser envahir. C’est douloureux que d’avoir à changer ses façons de penser, de faire autrement, mais c’est la voie de sortie pour mieux vivre.


Les divers spécialistes (kinésiologue, physiothérapeute, médecin, travailleur social, infirmier, psychologue, ostéopathe...) impliqués dans le traitement de la douleur chronique devraient pouvoir partager leurs informations et placer le patient au cœur du traitement.



RÉFÉRENCES:

Association Québécoise douleur chronique. (2022). AQDC-Centre de documentation. Repéré à https://douleurchronique.org/ressources/centre-de-documentation/livres/


Centre hospitalier de l’Université de Montréal, (2020). Fiche conseils pour gérer votre douleur chronique. Eletronic document. Repéré à https://www.chumontreal.qc.ca/sites/default/files/2020-07/505-1-vivre-avec-une-douleur-chronique.pdf



Katz J, Rosenbloom BN. The golden anniversary of Melzack and Wall's gate control theory of pain: Celebrating 50 years of pain research and management. Pain Res Manag. 2015 Nov-Dec;20(6):285-6. doi: 10.1155/2015/865487. PMID: 26642069; PMCID: PMC4676495


Marchand, Serge. (2009). Le phénomène de la douleur, 2e édition, Éditions Chenelière ISBN13 : 9782765012382, 392p.

Melzack, R., et Wall, P. (1965), Pain Mecanisims : A New Theory, Science, vol.150, no. 3699


Michaux, D. (2004). Douleur et hypnose. Editions Imago.


O’Hare, D. Dr. ( ). Cohérence cardiaque 365, guide de cohérence cardiaque jour après jour .


Rivard, M.J., (2022). Présentation PowerPoint. Repéré dans l’environnement Perfectionnement.com. https://perfectionnement.com/marie-josee-rivard-la-gestion-de-la-douleur-3-etapes-essentielles/


Rivard, M. J., & Gingras, D. (2012). La douleur: de la souffrance au mieux-être. Trécarré


Sullivan, M.J.L, Wideman, T.H., Gauthier, N., Thibault, P., Ellis, T., Adams, H. (2022). Risk-targeted behavioral activation for the management of work disability associated with comorbid pain and depression. Pilot Feasibility Stud 2022 23:219.





Blog-post rédigé par Sylvie Martin, psychologue


Tel : 450-689-8952

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