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  • Photo du rédacteurSylvie Martin, psy

L'hypocondrie: Manifestations et impacts

Dernière mise à jour : 13 janv. 2023


Hypocondrie: Manifestations et impacts
Hypocondrie: Manifestations et impacts

L’hypocondrie se définit comme une préoccupation centrée sur la crainte ou l’idée d’être atteint d’une maladie grave. Les symptômes de douleur physique sont bien réels chez l’hypocondriaque, mais ils sont exagérés, grossis comme sous une loupe. La personne peut difficilement s’empêcher d’y penser souvent et de vérifier l’évolution des malaises.


La crainte de maladie engendre de impacts négatifs dans plusieurs sphères de vie. La personne a une envie soudaine et irrésistible (impulsion) de valider si elle est atteinte d’un malaise physique ou symptômes de maladie. Elle est donc incapable d’inhiber ses réponses automatisées en lien avec ses peurs. La personne va donc agir avec une réponse de compulsion en vérifiant de manière compulsive si ses peurs sont vraies ou en ruminant dans sa tête toutes les peurs de maladie qui lui traversent l’esprit. Par exemple, la personne peut passer des heures à chercher des informations sur internet, à mesurer, à prendre en photo, à noter différentes observations de la maladie suspectée. Trouver une réponse réassure et soulage temporairement l’anxiété. Par contre, à long terme, les comportements de validation de la maladie, tout comme dans le cas de l'obsession-compulsion, contribuent à maintenir l'anxiété.  Essayez de ne pas penser à un éléphant blanc avec une boucle rouge, ne pensez pas à un éléphant blanc avec une boucle rouge, n’y pensez surtout pas!  Difficile, n’est-ce pas?


Lorsqu’on souffre d’hypocondrie, on peut même se priver d’activités plaisantes de peur que les symptômes augmentent.  D’autres diront qu’ils refusent des voyages d’affaires en cachant le vrai motif qu’est la peur de voir leur santé physique se dégrader. Le fait de ne pas avoir l‘heure juste sur les malaises physiques, provoque une perte de contrôle sur soi, un sentiment d’impuissance, très pénible à soutenir.


Il arrive que des situations anxiogènes déclenchent une crise de panique. À titre d’exemple, un homme était incapable d’être seul dans des lieux où il n’avait pas le contrôle pour s’enfuir comme il le voulait (ex: métro, autoroute à 3 voies, transport bondé….). Il était coincé. En thérapie, il a découvert que pendant son enfance, il était souvent pris entre le sentiment de loyauté envers sa mère et la peur de trahir son père. Il a pu se défaire graduellement de ses peurs d’être coincé dans diverses situations.


Une dame appréhendait de demander de l’aide à son conjoint, car à chaque fois, il l’a faisait sentir trop exigeante et il l’a menaçait de la quitter.  Cette dame a développé au cours des années, une agoraphobieet ce n’est qu’en thérapie, qu’elle a pu s’en départir.  En effet, elle a appris à s’affirmer, à prendre sa place tant auprès de son conjoint que de ses enfants, amis, collègues et patron.  Elle a expérimenté qu’il est possible d’exprimer ses besoins sans se faire rejeter.


L’anxiété, les angoisses,  les émotions trop intenses peuvent prendre la forme de crise de panique, de phobie, d’agoraphobie et aussi d’hypocondrie. Il n’y a que le moyen d’expression qui a changé face à l’anxiété vécue.


Il est fréquent de trouver chez les personnes qui souffrent d’hypocondrie, des situations angoissantes dans leur petite enfance. Certains ont eu une éducation où une hygiène de propreté extrême faisait partie des règles de vie et y déroger était présenté comme une relation directe avec la maladie, voir même la mort.  Grandir avec ces croyances influence les comportements de l’enfant.  Pendant l’enfance, une personne peut avoir vécu une hospitalisation ou une maladie qui lui procurait plus de bienveillance des proches ou au contraire une anxiété de séparation, soit la peur de ne plus jamais revoir ses parents.  Ces souvenirs douloureux ancrés dans la mémoire émotionnelle et physique, lorsque non traités, peuvent ressurgir sous forme psychosomatiques dans la vie adulte.



Hypocondrie: pistes de solution
Hypocondrie: pistes de solution

Critères diagnostiques de l'hypocondrie (DSM- IV )

Les critères suivants sont ceux du DSM IV tel que proposés par l'American Psychiatric Association

Le DSM-IV (1) classe l'hypocondrie parmi les troubles somatoformes. Voici les critères diagnostiques de ce trouble:


A. Préoccupation centrée sur la crainte ou l'idée d'être atteint d'une maladie grave, fondée sur l'interprétation erronée par le sujet de symptômes physiques.


B. La préoccupation persiste malgré un bilan médical approprié et rassurant.

La croyance exposée dans le critère A ne revêt pas une intensité délirante (comme dans le trouble délirant, type somatique) et ne se limite pas à une préoccupation centrée sur l'apparence (comme dans le trouble: peur d'une dysmorphie corporelle).D. La préoccupation est à l'origine d'une souffrance cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.E. La durée de la perturbation est d'au moins 6 mois.F. La préoccupation n'est pas mieux expliquée par une anxiété généralisée, un trouble obsessionnel-compulsif, un trouble panique, un épisode dépressif majeur, une angoisse de séparation ou un autre trouble somatoforme.L'hypocondrie est un trouble de nature anxieuse qui se rapproche beaucoup du trouble obsessionnel-compulsif.Le diagnostic d'hypocondrie est porté lorsque le thème des obsessions (crainte de la maladie) ou des compulsions (comportements de recherche de réassurance) est exclusivement en rapport avec les peurs ou l'idée d'avoir une ou des maladies sur la base d'une mauvaise interprétation de symptômes physiques. Si la préoccupation d'avoir une maladie s'accompagne de rituels tels des lavages excessifs ou un comportement de vérification en rapport avec les préoccupations concernant la maladie ou la crainte de la propager à d'autres, un diagnostic supplémentaire de trouble obsessionnel-compulsif peut être posé.


(1) DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux("Diagnostic and StatisticalManualof Mental Disorders"), publié par l'American PsychiatricAssociation.

Références

Basquin, A., Richoux, C., Lejoyeux, M. (2008).  Psychothérapies cognitivo-comportementales de l’hypocondrie. Annales Médico-Psychologiques 166, 238-245.

Bridou, M(2012). L’anxiété envers la santé : définition et intérêt clinique d’un concept novateur et heuristique Annales médico-psychologiques [0003-4487yr:2012 vol:170 iss:6 pg:375 -381

Doumy, O., Aouizerate, B., (2014). Spectre du trouble obsessionnel-compulsif revisité à travers un bipôle impulsion-compulsion. Presse Med. 2014 ; 43 : 118-123


Blog réalisé par Sylvie Martin, psychologue, Laval, Québec, Canada





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